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Préface

Ce livre est une tentative d’expliquer au grand public ce qui découle du monde des ordinateurs, donc il n’est pas seulement pour les programmeurs. Par exemple, le Chapitre 6 traite de comment devenir riche. Je crois ne pas me tromper si je dis qu’il s’agit d’un sujet qui intéresse tout le monde.

Vous avez peut-être remarqué que, dans les 30 dernières années, une grande partie des gens à être devenus riches sont des programmeurs. Bill Gates, Steve Jobs, Larry Ellison. Pourquoi ? Pourquoi des programmeurs plutôt que des ingénieurs ou des photographes ou des actuaires ? “Comment Créer de la Valeur” l’explique bien.

L’argent des logiciels est un exemple d’une tendance plus générale, et celle-ci est le thème de cet ouvrage. Il s’agit de l’Ere Numérique. C’était censé être l’Ère Spatiale, ou l’Ère Atomique. Mais ce ne sont que des mots inventés par les responsables des relations publiques. Les ordinateurs ont eu bien plus d’effet sur nos vies que les voyages spatiaux ou la technologie nucléaire.

Tout ce qui est autour de nous se base sur les ordinateurs. La machine à écrire ? Remplacé par un ordinateur. Votre téléphone en est en quelque sorte devenu un, comme les appareils photo. Bientôt ce sera le tour de la télévision. Votre voiture possède plus de puissance de traitement qu’un ordinateur central de la taille d’une salle en 1970. Lettres, encyclopédies, journaux et même les commerces locaux sont peu à peu remplacés par internet. Donc, si vous comprenez où nous en sommes et où on va, cela vous aidera à comprendre ce qu’il se passe dans la tête d’un hacker.

Les hackers ? Ce ne sont pas ces gens qui infiltre les ordinateurs ? Pour les non-concernés, c’est la connotation de ce terme. Mais, au sein du monde numérique des ordinateurs, les programmeurs experts se réfèrent à eux-même en tant que hackers. Et étant donné que le but de cet ouvrage est d’expliquer comment les choses sont réellement dans ce monde, j’ai décidé que le risque d’utiliser ce terme et les autres qui suivront.

Les premiers chapitres répondent à des questions auxquelles nous avons probablement tous pensé, réfléchi. Qu’est-ce qui fait le succès d’une startup ? La technologie créera-t-elle un fossé entre ceux qui la comprennent et ceux qui ne la comprennent pas ? Que font les programmeurs ? Pourquoi des enfants qui ne parviennent pas à finir le lycée peuvent finir par figurer parmi les personnes les plus puissantes du monde ? Microsoft va-t-il s’emparer de l’internet ? Que faire des spams ?

Plusieurs chapitres ultérieurs traitent d’un sujet auquel la plupart des personnes extérieures au monde de l’informatique n’ont pas pensé : les langages de programmation. Pourquoi devriez-vous vous intéresser aux langages de programmation?

Parce que si vous voulez comprendre le bidouillage informatique, c’est le fil à suivre. Comme, si vous voulez comprendre la technologie de 1880, les moteurs à vapeur étaient le fil conducteur.

Les programmes informatiques sont juste des textes. Et le langage choisi détermine ce qui peut être dit. Les langages de programmation sont le reflet de la pensée des programmeurs.

Naturellement, cela a un effet important sur le type de pensée que ces derniers ont. Et cela se voit dans les logiciels qu’il écrivent. Orbitz, le site de voyage, a réussi à s’imposer comme le roi du marché dominé par des compétiteurs bien entraînés. Sabre, qui a détenu les réservations en ligne, et Microsoft. Mais par quel miracle Orbitz a-t-il réussi ? Principalement en utilisant un meilleur langage de programmation.

Les programmeurs tendent à se diviser en plusieurs tribus en fonction du langage qu’ils utilisent. Et d’autant plus par le genre de programmes qu’ils écrivent. Il est donc mal vu de dire qu’un langage est mieux qu’un autre. Mais aucun concepteur de langage ne peut se permettre cette fable de courtoisie. Ce que j’ai à dire sur les programmation des langages va sûrement énerver bon nombre de gens, mais je crois réellement qu’il n’y a pas de meilleure manière de comprendre le bidouillage.

Certains peuvent se poser la question “Qu’est-ce que vous ne pouvez pas dire ?” (Chapitre 3) : quel rapport avec les ordinateurs ? Le fait est que les hackers sont obsédés par la liberté d’expression. Slashdot, la version hacker du New York Times possède toute une section à ce sujet. Je pense que la plupart des lecteurs de Slashdot le prennent pour acquis. Mais Planes and Pilots n’a pas de section sur la liberté d’expression.

Pourquoi les hackers se soucient-ils tant de la liberté d’expression ? En partie, je pense, que c’est parce que l’innovation est si importante dans les logiciels, et que l’innovation et l’hérésie sont pratiquement la même chose. Les bons hackers développent l’habitude de tout remettre en question. Il faut le faire quand on travaille sur des machines faites de mots aussi complexes qu’une montre mécanique et mille fois plus grandes.

Mais je pense que les marginaux et les iconoclastes sont aussi plus susceptibles de devenir des hackers. Le monde des ordinateurs est comme un Far West intellectuel, où vous pouvez penser ce que vous voulez, du moment qu’on est prêt à se risquer aux conséquences.

Et ce livre, si je l’ai fait de la manière dont je le voulais, est un Western intellectuel. Je ne voudrais pas que vous lisiez ce livre par devoir, en pensant “Eh bien, ces nerds semblent prendre le contrôle du monde. Je suppose que je ferais mieux de comprendre ce qu’ils font, pour ne pas être pris au dépourvu par ce qu’ils préparent ensuite.”. Si vous aimez ces idées, ce livre devrait vous paraître intéressant et amusant. Bien que les hackers aient généralement l’air ennuyeux de l’extérieur, les intérieurs de leur tête sont des endroits étonnamment intéressants.

Cambridge, Massachusetts
Avril 2004