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Pourquoi les nerds ne sont-ils pas populaires ?

Chapitre 1

Quand on était en première année de lycée, mon ami Rich et moi-même avons créé une sorte de carte en fonction de la popularité des gens. Ce fût une chose facile à faire étant donné que les élèves ne mangent qu’avec les gens avec la même popularité. Nous les avons noté de A à E. Les tables A étaient composées des footballeurs, des cheerleaders et ainsi de suite. Les tables E étaient quant à elles composées de gens atteints de légers cas de trisomie, qu’on appelait en ces temps-là des “attardés”.

Nous nous classions à la table D, le plus bas que vous pouviez vous classer si votre physique n’était qu’ordinaire. Nous n’étions pas si candides en nous plaçant à la table “D”. Ce serait mentir délibérément que dire l’inverse. Tous les élèves du collège étaient au courant de la popularité des autres, y compris la nôtre.

Je connais bon nombre de personnes qui étaient des nerds à l’école, et toutes ces personnes disent la même chose : il y une forte corrélation entre le fait d’être intelligent et être un “nerd”, et une corrélation encore plus forte entre être populaire et être un “nerd”. Être intelligent fait de vous une personne peu populaire.

Pourquoi me direz-vous ? Pour une personne actuellement à l’école, la question semble un peu étrange. Ce simple fait était tellement suffoquant qu’il était difficile de s’imaginer une autre voie. Mais cela se pourrait. Être intelligent ne fait pas de vous un paria à l’école, aussi bien qu’il ne vous portera pas préjudice dans la vraie vie. Aussi loin que je puisse le dire, les problématiques sont les mêmes dans les autres pays. Dans un lycée basique américain, être intelligent vous rend la vie compliquée. Pourquoi ?

La clef de ce mystère est de légèrement reformuler la question. En effet, pourquoi les enfants dits “intelligents” ne se rendent pas populaires ? S’ils sont si intelligents, pourquoi n’arrivent-ils pas à comprendre fonctionne la popularité et à battre le système comme ils le feraient pour des tests standardisés ?

Un argument dit que cela serait impossible du fait que les autres envient leur intelligence et que quoi qu’ils fassent, rien ne les rendra populaires. Si les autres élèves de lycée m’enviaient, ils ont bien occulté cette facette de leur personnalité. Qui plus est, si être intelligent était une qualité à envier, les filles auraient cassé les rangs.

Dans les écoles où je suis allé, être intelligent n’avait pas tant d’importance. Les élèves ne l’adulaient ou ne le détestaient pas. Si nous mettons une valeur équivalente, ils auraient choisi d’être du côté intelligent plutôt que du côté des gens dits bêtes. D’un autre point de vue, l’intelligence compte beaucoup moins que l’apparence physique, le charisme ou les capacités athlétiques.

Si l’intelligence elle-même n’est pas un facteur de popularité, pourquoi les enfants intelligents sont constamment peu populaires ? Pour moi, la réponse est qu’ils ne veulent pas être populaires.

Si quelqu’un m’avait dit ça à l’époque, je me serais moqué de lui. Ne pas être populaire à l’école fait d’eux des élèves si misérables que certains en viennent au suicide. En me disant ne pas vouloir être populaire, c’est comme dire que quelqu’un qui mourrait de soif dans un désert refuserait un verre d’eau. Bien sûr que je souhaitais être populaire.

Mais dans les faits, je le voulais, mais pas assez. Il y avait quelque chose que je désirais plus : être intelligent. Pas simplement avoir de bonnes notes à l’école ou avoir des pensées qui compteraient pour quelque chose mais plutôt de construire de belles fusées, de bien écrire ou encore de comprendre comment programmer un ordinateur. De façon plus générale, de faire de belles choses.

A l’époque, je n’ai jamais pensé à séparer mes idées et les confronter les unes aux autres. Si j’avais pu, j’aurais vu qu’être intelligent était bien plus important. Si quelqu’un m’avait offert la possibilité d’être l’enfant le plus populaire de l’école, mais au prix d’être doté d’une intelligence moyenne (notez bien mon humour), je ne l’aurais pas saisi.

Bien que ce manque de popularité les fasse souffrir, je ne pense pas que la majorité des nerds le ferait. Pour eux, l’idée d’être dotée d’une intelligence moyenne leur est insupportable, mais la majorité des enfants aurait saisi l’opportunité. Pour la moitié d’entre eux, il s’agit d’une amélioration. Même pour 80% d’entre eux (en supposant que, comme tout le monde semblait le faire à l’époque, l’intelligence est un échelon), qui ne céderait pas 30 points en échange de l’amour et de l’admiration de tout le monde ?

Et ce, pour moi, est l’origine du problème. Les nerds servent deux maîtres. Ils veulent être populaires, certes, mais ils veulent être encore plus intelligents. Et la popularité n’est pas quelque chose que l’on peut faire dans son temps libre, ni dans l’environnement férocement compétitif d’un lycée américain.

Alberti, sans doute l’archétype de l’homme de la Renaissance, écrit “qu’aucun art, aussi mineur soit-il, n’exige moins qu’un dévouement total si l’on veut y exceller”1. Je me demande si quelqu’un au monde travaille plus dur que les écoliers américains à la popularité. La Marine ou les résidents en neurochirurgie passent pour des fainéants en comparaison. Ils prennent des vacances, certains ont même des hobbies. Un adolescent américain s’efforce d’être populaire à chaque heure de la journée, 365 jours par an.

Je ne veux pas dire qu’ils le font consciemment. Certains d’entre eux sont vraiment des petits Machiavel, mais ce que je veux dire ici, c’est que les adolescents sont toujours en devoir d’être conformistes.

Par exemple, les adolescents accordent une grande attention aux vêtements. Ils ne s’habillent pas consciemment pour être populaires. Ils s’habillent pour être beaux. Mais pour qui ? Pour les autres enfants. L’opinion des autres devient leur définition du bien, pas seulement pour les vêtements, mais pour presque tout ce qu’ils font, jusqu’à leur façon de marcher. Et c’est ainsi que, chaque effort qu’ils font pour faire les choses “correctement” est aussi, consciemment ou non, un effort pour être plus populaire.

Les nerds ne s’en rendent pas compte. Ils ne réalisent pas que devenir populaire demande du travail. En général, les personnes qui ne travaillent pas dans un domaine très exigeant ne réalisent pas à quel point la réussite dépend d’un effort constant (bien que souvent inconscient). Par exemple, la plupart des gens semblent considérer la capacité à dessiner comme une sorte de qualité innée, comme le fait d’être grand. La taille. En réalité, la plupart des personnes qui “savent dessiner” aiment dessiner et ont passé de nombreuses heures à le faire; c’est pour cela qu’ils sont bons.

Club d’échecs du lycée Gateway, 1981. C’est moi en haut à gauche.

De même, la popularité n’est pas seulement quelque chose que l’on est ou que l’on n’est pas, mais quelque chose que l’on fait soi-même.

La principale raison pour laquelle les nerds sont impopulaires est qu’ils ont d’autres d’autres choses à penser. Leur attention est attirée par les livres ou le ou le monde naturel, et non par les modes et les fêtes. Ils sont comme quelqu’un qui essayait de jouer au football tout en tenant un verre d’eau en équilibre sur sa tête. D’autres joueurs, qui peuvent concentrer toute leur attention sur le jeu, les battent sans effort et se demandent pourquoi ils semblent si incapables.

Même si les nerds se souciaient autant que les autres enfants de leur popularité, être populaire leur demanderait plus d’efforts. Les enfants populaires ont appris à être populaires et à vouloir l’être, de la même façon que les nerds ont appris à être intelligents et à vouloir l’être par leurs parents. Alors que les nerds étaient formés pour obtenir les bonnes réponses, les enfants populaires étaient formés pour obtenir les bonnes réponses.

Jusqu’à présent, j’ai peaufiné la relation entre intelligent et nerd, en les utilisant comme interchangeables. De fait, seul le contexte permet de les interchanger. Un nerd est quelqu’un pas assez adapté socialement. Mais le “pas assez” dépend de là où vous êtes. Dans une école américaine typique, les critères de coolitude sont si élevés (ou du moins si spécifiques) qu’il n’est pas nécessaire d’être particulièrement maladroit pour se faire remarquer (ou du moins, si spécifiques). Il n’est pas nécessaire d’être particulièrement maladroit en comparaison.

Peu d’enfants intelligents peuvent se passer de l’attention qu’exige la popularité. À moins qu’ils ne soient beaux, sportifs ou frères et sœurs d’enfants populaires, ils auront tendance à devenir des intellos. C’est la raison pour laquelle pourquoi la vie des gens intelligents est la pire entre, disons, onze et dix-sept ans. À cet âge, la vie tourne beaucoup plus autour de la popularité qu’avant ou après.

Avant cela, la vie des enfants est dominée par leurs parents, et non par les autres enfants. Les enfants se soucient de ce que pensent leurs pairs à l’école élémentaire, mais ça ne relève pas de leur vie entière, ce qui le devient plus tard. Vers l’âge de onze ans, cependant, les enfants semblent commencer à considérer leur famille comme un travail à temps plein. Ils créent un nouveau monde entre eux, et c’est la position dans ce monde qui compte, pas la position dans leur famille. En effet, le fait d’avoir des problèmes dans leur famille peut leur faire gagner des points dans le monde qui leur tient à cœur.

Le problème, c’est que le monde que ces enfants se créent est d’abord très rudimentaire. Si vous laissez une bande de jeunes de onze ans à leurs propres moyens, vous obtenez une version de Sa Majesté des mouches. Comme beaucoup d’enfants américains, j’ai lu ce livre à l’école. Ce n’était sans doute pas une coïncidence. On peut supposer que quelqu’un voulait nous faire comprendre que nous étions des sauvages et que nous avions créé un monde cruel et stupide.

C’était trop subtil pour moi. Bien que le livre semblait tout à fait crédible, je n’ai pas compris le message véhiculé par l’auteur. J’aurais préféré qu’il nous dise tout simplement que nous étions des sauvages et que notre monde était stupide.

Les nerds trouveraient leur impopularité plus supportable si elle leur permettait simplement d’être ignorés. Malheureusement être impopulaire à l’école s’accompagne activement de persécutions.

Pourquoi ? Encore une fois, un individu actuellement au lycée pourrait penser qu’il s’agit d’une étrange question. Comment les choses pourraient être autrement ? Elles le pourraient. Les adultes ne persécutent généralement pas les nerds . Mais pourquoi les adolescents oui ?

En partie parce que les adolescents restent globalement des enfants, et certains enfants sont simplement intrinsèquement cruels. Certains torture les nerds comme d’autres arrachent les pattes à une araignée. Avant le développement de la conscience, la torture est amusante.

Une autre raison pour laquelle les enfants persécutent les nerds est qu’ils se sentent mieux. Lorsque vous marchez dans l’eau, vous vous soulevez en poussant l’eau vers le bas. De même, dans toute hiérarchie sociale, les personnes qui ne sont pas sûres de leur position essaieront de la renforcer en maltraitant les autres. J’ai lu que c’est la raison pour laquelle les Blancs pauvres aux États-Unis sont le groupe le plus hostile envers les Noirs.

Mais je pense que la principale raison pour laquelle les autres enfants persécutent les nerds est que cela fait partie du mécanisme de popularité. La popularité n’est que partiellement à propos de l’attrait individuel. C’est bien plus une question d’alliances. Pour devenir plus populaire, vous devez constamment faire des choses qui vous rapprochent d’autres personnes populaires, et rien ne rapproche plus les gens qu’un ennemi commun.

Comme un politicien qui veut distraire les électeurs de la mauvaise conjoncture de son pays, on peut créer un ennemi s’il n’y en a pas de réel. En en persécutant un nerd, un groupe d’enfants plus haut placés dans la hiérarchie crée des liens entre eux. plus haut dans la hiérarchie. L’attaque d’un outsider fait d’eux tous des insiders. C’est pourquoi les pires cas de persécution se produisent en groupe. Demandez à n’importe quel nerd : un groupe d’enfants vous traite bien plus mal que de n’importe quel intimidateur individuel, aussi sadique soit-il.

Si cela peut consoler les nerds, il n’y a rien de personnel. Le cercle d’enfants qui s’unissent pour s’en prendre à vous fait la même chose, et pour la même raison, qu’une bande de gars qui se réunissent pour aller à la chasse. Ils ne vous détestent pas vraiment. Ils ont juste besoin de quelque chose à chasser.

Parce qu’ils sont au bas de l’échelle, les nerds sont une cible sûre pour toute l’école. Si je me souviens bien, les enfants les plus les plus populaires ne persécutent pas les nerds, ils n’ont pas besoin de s’abaisser à de telles choses. La plupart des persécutions viennent des enfants du bas de l’échelle les classes moyennes nerveuses.

Le problème, c’est qu’il y en a beaucoup. La distribution de la popularité n’est pas une pyramide, mais se rétrécit vers le bas comme une poire. Le groupe le moins populaire est assez petit (je crois que nous étions la seule table D sur la carte de notre cafétéria). Il y a donc plus de gens qui veulent s’en prendre aux nerds qu’il n’y a de nerds.

Tout comme on gagne des points en s’éloignant des enfants impopulaires, on en perd en étant proche d’eux. Une femme que je connais raconte qu’au lycée, elle aimait bien les nerds, mais qu’elle avait peur d’être vue en train de leur parler parce que les autres filles se seraient moquées d’elle. L’impopularité est une maladie contagieuse ; les enfants trop gentils pour s’en prendre aux nerds seront toujours mis à l’écart.

Il n’est donc pas étonnant que les enfants intelligents aient tendance à être malheureux au collège et au lycée. Leurs autres centres d’intérêt ne leur laissent que peu d’attention à consacrer à la popularité, et comme la popularité ressemble à un jeu à somme nulle, cela fait d’eux des cibles pour l’ensemble de l’école. Et ce qui est étrange, c’est que ce scénario cauchemardesque se produit sans aucune malveillance consciente, simplement en raison de la forme de la situation.

Pour moi, la pire période a été le collège, quand la culture des enfants était nouvelle et dure, et que la spécialisation qui séparerait plus tard progressivement les enfants les plus intelligents n’avait pas encore commencé. Presque tous ceux à qui j’ai parlé sont d’accord : le point le plus bas se situe quelque part entre onze et quatorze ans.

Dans notre école, il s’agissait de la quatrième, ce qui correspondait à l’âge de douze et treize ans pour moi. Il y a eu une brève sensation cette année-là quand l’une de nos enseignantes a surpris un groupe de filles attendant le bus scolaire, et fut tellement choquée que le lendemain, elle consacra toute la classe à un éloquent plaidoyer pour que les filles ne soient pas aussi cruelles les unes envers les autres.

Il n’a pas eu d’effet notable. Ce qui m’a frappé à l’époque c’est qu’elle était surprise. Vous voulez dire qu’elle ne connaît pas le genre de choses qu’ils se disent ? Vous voulez dire que ce n’était pas normal ?

Il est important de comprendre que, non, les adultes ne savent pas ce que les enfants se font les uns aux autres. Ils savent, dans l’abstrait, que les enfants sont monstrueusement cruels les uns envers les autres, tout comme nous savons dans l’abstrait que des gens sont torturés dans les pays pauvres. Mais, comme nous, ils n’aiment pas s’attarder sur ce fait déprimant, et ils ne voient pas de preuves d’abus spécifiques à moins qu’ils ne cherchent à en savoir plus.

Les enseignants des écoles publiques sont dans la même situation que les gardiens de prison. La principale préoccupation des gardiens est de maintenir les prisonniers dans les locaux. Ils doivent également les nourrir et, dans la mesure du possible, les empêcher de s’entretuer. En outre, ils veulent avoir le moins possible à faire avec les prisonniers, et ils les laissent donc créer l’organisation sociale qu’ils souhaitent. D’après ce que j’ai lu, la société créée par les prisonniers est tordue, sauvage et omniprésente, et ce n’est pas drôle d’être au fond de cette société.

Dans les grandes lignes, c’était la même chose dans les écoles que j’ai fréquentées. La chose la plus importante était de rester sur place. Pendant ce temps, les autorités vous nourrissaient, empêchaient toute violence manifeste et s’efforçaient de vous enseigner quelque chose. Mais au-delà de cela, ils ne voulaient pas avoir à trop faire avec les enfants. Comme des gardiens de prison, les enseignants nous laissaient le plus souvent livrés à nous-mêmes. Et, comme les prisonniers, la culture que nous avons créée était barbare.

Pourquoi le monde réel est-il plus accueillant pour les nerds ? On pourrait croire que la réponse est simplement qu’il est peuplé d’adultes, trop matures pour se moquer les uns des autres. Mais je ne pense pas que ce soit vrai. Les adultes en prison s’en prennent certainement les uns aux autres. Il en va de même, apparemment, pour les épouses de la société. Dans certains quartiers de Manhattan, la vie des femmes ressemble à une continuation du lycée, avec toutes les mêmes petites intrigues.

Je pense que ce qui est important dans le monde réel, ce n’est pas qu’il soit peuplé d’adultes, mais qu’il soit très vaste, et que les choses que vous faites ont de réels effets. C’est ce qui manque à l’école, à la prison et aux femmes apprêtées. Les habitants de ces mondes sont enfermés dans de petites bulles où rien de ce qu’ils font ne peut avoir plus qu’un effet local. Naturellement, ces sociétés dégénèrent en sauvagerie. Elles n’ont pas de fonction à suivre pour leur forme.

Lorsque les choses que vous faites ont des effets réels, il ne suffit plus d’être plaisant. Il commence à être important d’obtenir les bonnes réponses, et c’est là que les nerds se montrent à leur avantage. Bill Gates vient évidemment à l’esprit. Bien qu’il soit notoirement dépourvu de compétences sociales, il obtient les bonnes réponses, du moins, en termes de revenus.

L’autre particularité du monde réel est qu’il est beaucoup plus vaste. Dans un bassin suffisamment vaste, même les plus petites minorités peuvent atteindre une masse critique si elles se regroupent. Dans le monde réel, les nerds se rassemblent dans certains endroits et forment leurs propres sociétés où l’intelligence est la chose la plus importante. Parfois le courant commence à passer même dans l’autre sens : parfois, notamment dans les départements de mathématiques et de sciences des universités, les nerds se rassemblent pour former des sociétés où l’intelligence est la chose la plus importante. John Nash admirait tellement Norbert Wiener qu’il a pris son habitude de toucher le mur en marchant dans un couloir.

À treize ans, je n’avais pas beaucoup plus d’expérience du monde que ce que je voyais immédiatement autour de moi. Le petit monde déformé dans lequel nous vivions était, à mon avis, le monde. Le monde semblait cruel et ennuyeux, et je ne sais pas lequel des deux était le pire.

Parce que je ne m’intégrais pas dans ce monde, je pensais qu’il devait avoir un problème avec moi. Je n’ai pas réalisé que la raison pour laquelle nous les nerds ne s’intégraient pas, c’est que d’une certaine manière, nous avions une longueur d’avance. Nous pensions déjà au genre de choses qui comptent dans le monde réel, au lieu de passer tout notre temps à jouer à un jeu exigeant mais surtout sans intérêt, comme les autres.

Nous étions un peu comme un adulte qui se retrouverait au collège. Il ne saurait pas quels vêtements porter, la bonne musique aimer, le bon argot à utiliser. Il aurait semblé aux yeux des enfants un véritable extraterrestre. Le truc, c’est qu’il en saurait assez pour ne pas se soucier de ce qu’ils pensaient. Nous n’avions pas cette confiance.

Beaucoup de gens semblent penser qu’il est bon pour les enfants intelligents d’être jetés avec des enfants “normaux” à ce stade de leur vie. C’est possible. Mais dans certains cas, au moins, la raison pour laquelle les nerds ne s’intègrent pas est que tous les autres sont fous. Je me souviens d’avoir assisté à un “pep rally” dans mon lycée, et d’avoir vu les pom-pom girls lancer l’effigie d’un joueur adverse dans l’assistance pour qu’elle soit mise en pièces. J’avais l’impression d’être un explorateur témoin d’un rituel tribal.

Si je pouvais revenir en arrière et donner quelques conseils à mon fils de treize ans, la principale chose que je lui dirais serait de lever la tête et de regarder autour de lui. Je ne l’ai pas vraiment compris à l’époque, mais le monde dans lequel nous vivions était aussi faux qu’un Twinkie. Pas seulement l’école, mais la ville entière. Pourquoi les gens s’installent-ils en banlieue ? Pour avoir des enfants ! Alors, pas étonnant que la ville semble ennuyeuse et stérile. L’endroit entier était une ville artificielle créée explicitement dans le but d’élever des enfants.

Là où j’ai grandi, j’avais l’impression qu’il n’y avait nulle part où aller et rien à faire. Ce n’est pas un hasard. Les banlieues sont délibérément conçues pour exclure le monde extérieur, parce qu’il contient des choses qui pourraient mettre en danger les enfants.

Quant aux écoles, elles n’étaient que des enclos de ce monde factice. Officiellement , leur but est d’enseigner aux enfants. En fait, leur but premier est de garder les enfants enfermés dans un même endroit pendant une grande partie de la journée pour que les adultes fassent ce qu’ils ont à faire. Et je n’y vois pas d’inconvénient : dans une société industrielle spécialisée, il serait désastreux d’avoir des enfants en liberté.

Ce qui me dérange, ce n’est pas que les enfants soient enfermés dans des prisons, mais (A) qu’ils n’en soient pas informés et (B) que les prisons soient gérées principalement par les détenus. Les enfants sont envoyés passer six ans à mémoriser des faits sans signification dans un monde gouverné par une caste de géants qui dirigent la société qui courent après une balle de football américain, comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle au monde. Et s’ils rechignent devant ce cocktail surréaliste, on les appelle des inadaptés.

La vie dans ce monde tordu est stressante pour les enfants. Et pas seulement pour les nerds. Comme toute guerre, elle est préjudiciable même aux vainqueurs. Les adultes ne peuvent s’empêcher de voir que les adolescents sont tourmentés. Alors, pourquoi ne font-ils rien pour y remédier ? Parce qu’ils mettent cela sur le compte de la puberté. Les adultes se disent que si les enfants sont si malheureux, c’est parce que de nouvelles substances chimiques La raison pour laquelle les enfants sont si malheureux, c’est que de nouveaux produits chimiques monstrueux, les hormones, circulent maintenant dans leur sang et perturbent tout. Il n’y a rien qui cloche dans le système ; il est juste inévitable que les enfants soient malheureux à cet âge.

Cette idée est tellement répandue que même les enfants y croient, ce qui n’aide probablement pas. Quelqu’un qui pense que ses pieds lui font naturellement mal ne va pas s’arrêter pour envisager la possibilité qu’il porte des chaussures à la mauvaise taille.

Je me méfie de cette théorie selon laquelle les enfants de treize ans sont intrinsèquement dérangés. Si c’était physiologique, cela devrait être universel. Les nomades mongols sont-ils tous nihilistes à treize ans ? J’ai lu beaucoup d’histoires, et je n’ai pas vu une seule référence à ce fait prétendument universel avant le vingtième siècle. Les apprentis adolescents de la Renaissance semblent avoir été joyeux et enthousiastes. Ils se bagarraient et se jouaient des tours, bien sûr (Michel-Ange a eu le nez cassé par une brute), mais ils n’étaient pas fous.

Pour autant que je sache, le concept de l’adolescentaux hormones en folie coexiste avec la banlieue. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une coïncidence. Je pense que les adolescents sont rendus fous par la vie qu’on leur fait mener. Les aprentis adolescents de la Renaissance étaient des chiens de travail. Les adolescents d’aujourd’hui sont des chiens d’appartement névrosés. La folie est la folie des désoeuvrés partout.Lorsque j’étais à l’école, le suicide était un sujet récurrent parmi les enfants les plus intelligents. Personne que je connaissais ne l’a fait, mais plusieurs en ont eu l’intention,et certains ont peut-être essayé. La plupart du temps, il s’agissait d’une simple pose. Comme d’autres adolescents, nous aimions ce qui était dramatique, et le suicide semblait très dramatique. Mais c’est en partie parce que nos vies étaient parfois véritablement misérables.

Le harcèlement n’était qu’une partie du problème. Un autre problème, peut-être encore plus grave, est que nous n’avons jamais rien eu de concret à travailler. Les humains aiment travailler ; dans la plupart des pays du monde, votre travail est votre identité. Et tout le travail que nous faisions était inutile, ou en tout cas semblait l’être à l’époque.

Au mieux, il s’agissait d’une pratique pour un travail réel que nous pourrions effectuer si loin que nous ne savions même pas à l’époque à quoi nous nous entraînions. Le plus souvent, il s’agissait simplement d’une série arbitraire de cerceaux à franchir, de mots sans contenu conçus principalement pour la testabilité (Les trois principales causes de la guerre civile étaient…. Test : Énumérer les trois principales causes de la guerre civile).

Et il n’y avait aucun moyen de se retirer. Les adultes avaient convenu entre eux que ce serait la voie pour se diriger vers l’université. La seule façon d’échapper à cette vie vide était de s’y soumettre.

Les adolescents avaient un rôle plus actif dans la société. À l’époque préindustrielle, ils étaient tous des apprentis d’une sorte ou d’une autre, que ce soit dans des magasins, dans des fermes ou même sur des navires de guerre. Ils n’ont pas été laissés pour créer leurs propres sociétés. Ils étaient des membres plus jeunes de sociétés adultes.

Les adolescents semblent avoir plus respecté les adultes à ce moment-là, parce que les adultes étaient les experts visibles des compétences qu’ils essayaient d’apprendre. Maintenant, la plupart des enfants ont peu d’idée de ce que leurs parents font dans leurs bureaux éloignés, et ne voient aucun lien (en fait, il y a précisément peu de choses) entre le travail scolaire et le travail qu’ils feront à l’âge adulte.

Et si les adolescents respectaient davantage les adultes, les adultes seraient également plus utiles pour les adolescents. Après quelques années de formation, un apprenti pourrait être d’une réelle aide. Même le plus récent apprenti pourrait être fait pour porter des messages ou balayer l’atelier.

Maintenant, les adultes n’ont pas d’utilité immédiate pour les adolescents. Ils seraient sur le chemin dans un bureau. Ils les déposent donc à l’école sur le chemin du travail, tout comme ils pourraient déposer le chien dans un chenil s’ils partaient pour le week-end.

Que s’est-il passé ? Nous sommes confrontés à un fait dur ici. La cause de ce problème est la même que la cause de tant de maux actuels : la spécialisation. Au fur et à mesure que les emplois deviennent plus spécialisés, nous devons nous former plus longtemps pour eux. Les enfants de l’époque préindustrielle ont commencé à travailler à environ 14 ans au plus tard ; les enfants des fermes, où la plupart des gens vivaient, ont commencé beaucoup plus tôt. Maintenant, les enfants qui vont à l’université ne commencent pas à travailler à temps plein jusqu’à 21 ou 22 ans. Avec certains diplômes, comme les médecins et les doctorats, vous ne terminerez peut-être pas votre formation avant 30 ans.

Les adolescents sont maintenant inutiles, sauf en tant que main-d’œuvre bon marché dans des industries comme la restauration rapide, qui a évolué pour exploiter précisément ce fait. Dans presque tous les autres types de travail, ils seraient une perte nette. Mais ils sont aussi trop jeunes pour être laissés sans surveillance. Quelqu’un doit veiller sur eux, et le moyen le plus efficace de le faire est de les rassembler en un seul endroit. Ensuite, quelques adultes peuvent tous les regarder.

Si vous vous arrêtez là, ce que vous décrivez est littéralement une prison, bien qu’à temps partiel. Le problème est que de nombreuses écoles s’arrêtent pratiquement là. Le but déclaré des écoles est d’éduquer les enfants. Mais il n’y a pas de pression extérieure pour bien le faire. Et donc la plupart des écoles font un si mauvais travail d’enseignement que les enfants ne le prennent pas vraiment au sérieux, pas même les enfants intelligents. La plupart du temps, nous étions tous, étudiants et enseignants, juste en train de passer par le mouvement.

Dans ma classe de français au lycée, nous étions censés lire Les Misérables d’Hugo. Je ne pense pas que l’un d’entre nous connaisse assez bien le français pour se frayer un chemin à travers cet énorme livre. Comme le reste de la classe, j’ai parcouru les Notes de Cliff. Quand on nous a donné un test sur le livre, j’ai remarqué que les questions semblaient bizarres. Ils étaient pleins de longs mots que notre professeur n’aurait pas utilisés. D’où venaient ces questions ? D’après les Notes de Cliff, il s’est avéré. Le professeur les utilisait aussi. Nous faisions tous semblant.

Il y a certainement d’excellents enseignants des écoles publiques. L’énergie et l’imagination de mon professeur de CM1, M. Mihalko, ont fait de cette année quelque chose dont ses élèves parlent encore, trente ans plus tard. Mais les enseignants comme lui étaient des individus nageant en amont. Ils n’ont pas pu réparer le système.

Dans presque tous les groupes de personnes, vous trouverez une hiérarchie. Lorsque des groupes d’adultes se forment dans le monde réel, c’est généralement dans un but commun, et les dirigeants finissent par être ceux qui sont les meilleurs dans ce domaine. Le problème avec la plupart des écoles, c’est qu’elles n’ont pas de but. Mais il doit y avoir une hiérarchie. Et donc les enfants en font une à partir de rien.

Nous avons une phrase pour décrire ce qui se passe lorsque des classements doivent être créés sans aucun critère significatif. Nous disons que la situation dégénère en un concours de popularité. Et c’est exactement ce qui se passe dans la plupart des écoles américaines. Au lieu de dépendre d’un test réel, son rang dépend principalement de sa capacité à augmenter son rang. C’est comme la cour de Louis XIV. Il n’y a pas d’adversaire externe, donc les enfants deviennent les adversaires les uns des autres.

Lorsqu’il y a un véritable test externe de compétence, il n’est pas douloureux d’être au bas de la hiérarchie. Une recrue d’une équipe de football n’aime pas l’habileté du vétéran; il espère être comme lui un jour et est heureux d’avoir la chance d’apprendre de lui. Le vétéran peut à son tour ressentir un sentiment de noblesse oblige. Et plus important encore, leur statut dépend de la façon dont ils s’en sortent contre leurs adversaires, et non de s’ils peuvent pousser l’autre vers le bas.

Les hiérarchies judiciaires sont une toute autre chose. Ce type de société déprécie quiconque y entre. Il n’y a ni admiration en bas, ni noblesse oblige en haut. C’est tuer ou être tué.

C’est le genre de société qui se crée dans les écoles secondaires américaines. Et cela se produit parce que ces écoles n’ont aucun but réel au-delà de garder les enfants au même endroit pendant un certain nombre d’heures chaque jour. Ce dont je ne me suis pas rendu compte à l’époque, et en fait je ne l’ai pas réalisé jusqu’à très récemment, c’est que les horreurs jumelles de la vie scolaire, la cruauté et l’ennui, ont toutes deux la même cause.

La médiocrité des écoles publiques américaines a de pires conséquences que de rendre les enfants malheureux pendant six ans. Il engendre une fausseté qui éloigne activement les enfants des choses qu’ils sont censés apprendre.

Comme beaucoup de nerds, probablement, c’était des années après le lycée avant que je puisse me résoudre à lire tout ce qui nous avait été assigné à ce moment-là. Et j’ai perdu plus que des livres. Je me méfiais des mots comme “caractère” et “intégrité” parce qu’ils avaient été tellement défaits par les adultes. Comme ils ont été utilisés alors, ces mots semblaient tous signifier la même chose : l’obéissance. Les enfants qui ont été loués pour ces qualités avaient tendance à être au mieux des taureaux de prix ternes et au pire des schmoozers faciles. Si c’était ce qu’étaient le caractère et l’intégrité, je ne voulais pas en faire partie.

Le mot que j’ai le plus mal compris était “tact”. Comme utilisé par les adultes, cela semblait signifier de garder la bouche fermée. J’ai supposé qu’il était dérivé de la même racine que “tacit” et “taciturne”, et que cela signifiait littéralement être silencieux. J’ai juré que je ne serais jamais avec tact ; ils n’allaient jamais me faire taire. En fait, il est dérivé de la même racine que “tactile”, et ce que cela signifie, c’est d’avoir une touche habile. Faire preuve de tact est le contraire de maladroit. Je ne pense pas avoir appris cela avant l’université.

Les nerds ne sont pas les seuls perdants dans la course aux rats de popularité. Les nerds sont impopulaires parce qu’ils sont distraits. Il y a d’autres enfants qui se retirent délibérément parce qu’ils sont tellement dégoûtés par l’ensemble du processus.

Les adolescents, même les rebelles, n’aiment pas être seuls, donc lorsque les enfants se retirent du système, ils ont tendance à le faire en tant que groupe. Dans les écoles où je suis allé, l’accent de la rébellion était mis sur la consommation de drogues, en particulier la marijuana. Les enfants de cette tribu portaient des t-shirts de concert noirs et étaient appelés “freaks”.

Les freaks et les nerds étaient des alliés, et il y avait beaucoup de chevauchement entre eux. Les freaks étaient dans l’ensemble plus intelligents que les autres enfants, bien que ne jamais étudier (ou du moins ne jamais paraître) soit une valeur tribale importante. J’étais plus dans le camp de nerds, mais j’étais ami avec beaucoup de freaks.

Ils ont consommé de la drogue, du moins au début, pour les liens sociaux qu’ils ont créés. C’était quelque chose à faire ensemble, et parce que les drogues étaient illégales, c’était un insigne partagé de rébellion.

Je ne prétends pas que les mauvaises écoles soient la raison pour laquelle les enfants ont des soucis avec la drogue. Après un certain temps, les drogues ont leur propre élan. Il ne fait aucun doute que certains des freaks ont finalement utilisé de la drogue pour échapper à d’autres problèmes - des problèmes à la maison, par exemple. Mais, au moins dans mon école, la raison pour laquelle la plupart des enfants ont commencé à consommer de la drogue était la rébellion. Les enfants de quatorze ans n’ont pas commencé à fumer des joints parce qu’ils avaient entendu dire que cela les aiderait à oublier leurs problèmes. Ils ont commencé parce qu’ils voulaient rejoindre une tribu différente.

La mauvaise gouvernance engendre la rébellion ; ce n’est pas une idée nouvelle. Et pourtant, les autorités agissent toujours pour la plupart comme si les drogues étaient elles-mêmes la cause du problème.

Le vrai problème est le vide de la vie scolaire. Nous ne verrons pas de solutions tant que les adultes ne s’en rendront pas compte. Les adultes qui peuvent s’en rendre compte en premier sont ceux qui étaient eux-mêmes des nerds à l’école. Voulez-vous que vos enfants soient aussi malheureux en quatrième que vous ? Je ne le ferais pas. Eh bien, alors, y a-t-il quelque chose que nous puissions faire pour réparer les choses ? Presque certainement. Il n’y a rien d’inévitable dans le système actuel. Cela s’est passé principalement par défaut 2.

Les adultes, cependant, sont occupés. Se présenter aux pièces de théâtre de l’école est une chose. S’en prendre à la bureaucratie éducative en est une autre. Peut-être que quelques-uns auront l’énergie d’essayer de changer les choses. Je soupçonne que la partie la plus difficile est de réaliser que vous le pouvez.

Les nerds encore à l’école ne devraient pas retenir leur souffle. Peut-être qu’un jour, une force lourde d’adultes se présentera dans des hélicoptères pour vous secourir, mais ils ne viendront probablement pas ce mois-ci. Toute amélioration immédiate de la vie des nerds devra probablement venir des nerds eux-mêmes.

Le simple fait de comprendre la situation dans laquelle ils sont devrait la rendre moins douloureuse. Les nerds ne sont pas des perdants. Ils jouent juste à un jeu différent, et un jeu beaucoup plus proche de celui joué dans le monde réel. Les adultes le savent. Il est difficile de trouver des adultes qui réussissent maintenant qui ne prétendent pas avoir été des nerds au lycée.

Il est important que les nerds se rendent compte aussi que l’école n’est pas la vie. L’école est une chose étrange et artificielle, à moitié stérile et à moitié sauvage. C’est tout compris, comme la vie, mais ce n’est pas la vraie chose. Ce n’est que temporaire, et si vous regardez, vous pouvez voir au-delà même lorsque vous y êtes encore.

Si la vie semble horrible aux enfants, ce n’est ni parce que les hormones vous transforment tous en monstres (comme vos parents le croient), ni parce que la vie est en fait horrible (comme vous le croyez). C’est parce que les adultes, qui n’ont plus aucune utilité économique pour vous, vous ont abandonné pour passer des années enfermés ensemble sans rien de réel à faire. Il est horrible de vivre dans n’importe quelle société de ce type. Vous n’avez pas besoin de chercher plus loin pour expliquer pourquoi les adolescents sont malheureux.

J’ai dit des choses dures dans cet essai, mais la thèse est vraiment optimiste - que plusieurs problèmes que nous tenons pour acquis ne sont en fait pas insolubles après tout. Les adolescents ne sont pas intrinsèquement des monstres malheureux. Cela devrait être une nouvelle encourageante pour les enfants et les adultes.

  1. Alberti, Leon Battista, The Use and Abuse of Books, traduit par Renée Watkins, Waveland Press, 1999. 

  2. Alors, comment réparez-vous les écoles ? La clé de la réponse peut être l’université. Lorsque vous allez dans (une bonne) université, la plupart des problèmes que je décris sont résolus. La solution peut donc venir de la question suivante : comment faire en sorte que la vie des nerds adolescents ressemble davantage à la vie universitaire ?

    L’enseignement à domicile offre une solution immédiate, mais ce n’est probablement pas la solution optimale. Pourquoi les parents n’éduquent-ils pas leurs enfants à la maison tout au long de l’université ? Parce que l’université offre des opportunités, l’enseignement à domicile ne peut pas se doubler ? Il en serait de même pour le lycée si c’était bien fait.